Adieu au multilatéralisme

, par  Cramer Ben

Le risque de voir les Nations Unies de plus en plus désunies n’est pas un simple exercice pour étudiants de Sciences Po ; ni pour les militants altermondialistes. Il s’agit d’un enjeu pour tous les "Changemakers", "Peacemakers" et "Troublemakers" , c’est-à-dire ceux et celles (lecteurs compris) qui remettent en question le statu quo et veulent faire du monde un endroit meilleur, plus juste et moins violent. Il reviendra aux artisans du multilatéralisme de faire mieux que d’adopter une résolution1 proclamant le 24 avril Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix2 , comme le fit l’Assemblée générale des Nations Unies le 12 décembre 2018.

1-La maison brûle, les pyromanes savent pourquoi

Soyons réalistes : nous ne disposons pas des outils pour pacifier le monde, le raccommoder, le ressouder. Nous avons déposé les seules armes capables de panser les plaies du monde. Allons plus loin : nous ne voulons pas associer le ‘global South’ à la gouvernance d’une sécurité globale. Cela ne fait pas partie de nos priorités. N’en déplaise aux sirènes sur le multilatéralisme, le chacun-pour-soi a un grand avenir devant lui. Si l’on en croit les prédictions du Centre for Strategic and International Studies (CSIS), le chamboulement climatique pourrait accélérer la fin de la mondialisation d’ici 2040.
Comment en est-on arrivé là ?
Nous vantons la solidarité dans le cadre de la sécurité globale en laissant dix pays – qui représentent représentant moins de 2,5 % du PIB mondial - accueillir 56 % des réfugiés de la planète3. Nous nous débrouillons pour renflouer des banques en faillite. Nous infligeons nos sanctions et nos embargos aux voyous et Etats-faillites que nous sélectionnons. Nous pratiquons l’apartheid dans l’accès à la vaccination, comme pour le coronavirus, et ‘en même temps’, (sic !), nous sommes incapables d’accorder un toit à 21 millions de réfugiés, soit 0,3% de la population mondiale. Tout cela en agitant l’épouvantail (le C02 a bon dos ! ) de hordes de sauvages qui viendraient déferler sur nos contrées paisibles...

Notre conscience planétaire rejoint le ‘Grand Mensonge’ qu’évoquait le secrétaire général Antonio Gutterez à propos des géants pétroliers face au climat. Bien que la logique du désarmement pour le développement soit inscrite dans la Charte de l’ONU4, les Etats riches (ou considérés comme tels) dépensent 30 fois plus pour leurs forces armées et leurs arsenaux que pour renflouer les caisses (quasi vides) du Fond Vert pour le Climat à destination des Etats les plus vulnérables, dont font partie ceux que les conflits armés gangrènent et ravagent.
Ainsi assistons-nous à une nouvelle séquence dans la jungle des tragédies géopolitiques qu’une écologie de guerre va façonner à sa façon.

2-La maison brûle et provoque des étincelles

La militarisation ou re-militarisation accompagne et alimente le nombre de conflits armés, un nombre qui a presque doublé entre 2010 et 2020. Depuis le début de l’invasion russe, l’aide militaire des Etats-Unis à l’Ukraine dépasse le budget militaire de la Russie.
Cette fuite en avant qu’est la militarisation étouffe toute chance d’apprendre, enseigner et cultiver du multilatéralisme ; elle constitue l’obstacle majeur à édifier un multilatéralisme par et pour les peuples car elle exclut toute démarche ou vision communes ; dont la ‘sécurité
commune’, ce concept mis en avant dès 1982 au sein de Commission Palme du nom de son initiateur, le Premier ministre suédois ; le même Palme qui nommera son ami le météorologue Bert Bolin5 à la tête du GIEC, cette nouvelle institution onusienne chargée d’un projet unificateur autour du dérèglement climatique.
Bien que l’ONU soit pavée de bonnes intentions, la gouvernance mondiale repose sur certains Etats ‘plus égaux que d’autres’ (Orwell) qui ambitionnent de faire la pluie et le beau temps sur la scène internationale. Ces 5 puissances – dont 3 occidentales – bénéficient « des privilèges qui leur a été conférés par une coïncidence de l’histoire » comme l’écrit Jacques Attali6 , et aucun de ces Etats ‘n’envisagera jamais de s’en priver ‘’ ; dont le droit de véto au Conseil de Sécurité (article 27 de la Charte) qui permet aux puissants de s’y maintenir.
En vertu d’une règle non écrite sur le ‘deux poids deux mesures’, ces Etats fixent les règles de non-prolifération qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes. Ils s’attribuent ainsi le droit d’imposer l’abstinence nucléaire à la grande majorité des Etats, sans avoir l’intention de se soumettre aux mêmes règles. Bref, le monde occidental renie ses propres valeurs, à l’instar des Suisses qui envisagent de réviser leur statut de neutralité en se rapprochant de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord chargée de la sécurité de tout le monde et marginalement de l’Atlantique Nord) au nom d’une ‘neutralité différentielle’.
L’aventurisme militaire a paralysé la Conférence du Désarmement, surnommée la Belle au Bois Dormant. Certes, les diplomates causent toujours au Palais des Nations à Genève, mais les vrais sujets sont écartés, y compris ceux relatifs au désarmement naval, à la militarisation de l’espace extra-atmosphérique. Y compris les travaux autour de la Convention ENMOD7, qui hiberne depuis 1992. Alors qu’il y a matière à la réanimer, ne serait-ce que pour protéger les cycles hydrologiques8, ou pour empêcher les délires et/ou dérives de la géo-ingénierie.
Paradoxalement, le péril est sous-estimé, à tel point que le risque d’auto-destruction est zappé. Pourtant, comme l’avait fait remarquer un diplomate hongrois9 à la Conférence du désarmement, « les pays peuvent, ainsi que l’histoire l’a déjà démontré, être détruits de multiples façons. L’une d’entre elles consiste à se lancer désespérément dans une course aux armements ».

3- La maison brûle et nous rallumons des brasiers

En arrimant l’U.E. à l’OTAN, en estimant que le multilatéralisme militaire est le seul dénominateur commun qui convienne à la situation, les Européens croient ainsi se prémunir contre tout ‘déclassement stratégique’. Or, c’est l’inverse qui va se produire. Les Européens vont perdre sur tous les tableaux, y compris sur le front diplomatique. Alors que l’OTAN s’impose en affirmant résoudre les problèmes…créés par l’existence de l’OTAN, notre arrimage se fait aux dépens d’un réel multilatéralisme ajusté aux exigences d’empowerment ou d’autonomisation des peuples. Endosser le costume d’idiots utiles de Washington nous prive d’enceintes multilatérales. Nos élites ont fait dérailler l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, (OSCE), ex-CSCE d’avant 1995, mise sur les rails pour atténuer et transcender la politique des blocs. Elles ont rétréci le Conseil de l’Europe, désormais réduit à 46 membres, sans la Russie, la Biélorussie, le Kosovo, la République turque de Chypre du Nord (RTCN)10 . Par la même occasion, à défaut d’être un pont entre l’Est et l’Ouest..., les ONG européennes sacrifient leurs chances - depuis le 24 février 2022 - de réunir les conditions d’un multilatéralisme culturel dont un volet reliant les peuples européens et les peuples de Russie.
En étant à ce point vassalisées, la bureaucratie bruxelloise a consommé nos précieuses munitions dans le domaine de la diplomatie de paix. Certes, les 10 millions d’euros investis dans l’Institut Européen de la Paix (IEP) ne pèsent pas lourd face aux 8 milliards d’euros (2021-2027) du Fonds européen de défense. Sauf que ledit Institut, né en 2014 à la suite d’une initiative conjointe de la Suède et de la Finlande, visait à relooker une diplomatie de paix d’une U.E. récompensée (en décembre 2012) sans fanfare ni trompette d’un Prix Nobel de la Paix ! Une fois la Suède et la Finlande converties à l’atlantisme, on comprend mieux pourquoi nous venons d’assister à la deuxième mort d’Olof Palme11.
Avant que d’être renvoyée au vestiaire de l’Histoire, voilà l’U.E. qui se débat dans cet espace économique Européen (EEE12). Elle se débat en réalité au sein d’un marché commun qui est la « base économique de l’OTAN13, comme l’écrivait Michel Rocard il y a 50 ans, avant de s’illustrer en tant qu’ambassadeur des Pôles14. Pour l’Europe, retour à la case départ.
Le déclassement stratégique de l’Europe découle de nombreux facteurs, y compris la faillite de sa politique étrangère, les retombées de sa politique coloniale, sa gestion catastrophique et criminelle de la décolonisation et les relents de néo-colonialisme. Il va entraîner une certaine ‘désoccidentalisation du monde’. Si les années de la « parenthèse occidentale »15 sont comptées, avis à ceux qui n’investissent pas dans le multilatéralisme : ce sera d’abord une parenthèse européenne qui va se refermer.

4- La maison brûle avec ou sans fake news

Bien avant l’apparition d’une guerre informationnelle dans ce monde ‘post-vérité’ que les GAFAM exploitent à fond, le double langage de l’Occident était déjà bien rôdé. Parmi les dirigeants au-dessus de tout soupçon, le général Dwight Eisenhower. Celui qui s’est fait le pourfendeur du complexe militaro-industriel est le même qui a approuvé l’opération Ajax pour renverser M. Mossadegh en 1953. Eisenhower a mis en échec le processus entrepris par un pays du Tiers Monde pour acquérir la maîtrise de ses richesses naturelles. Ce fiasco a aussi entraîné d’autres offensives dans la guerre de propagande pour maintenir les mécanismes de domination. En effet, au début des années 80, un rapport intitulé « Voix multiples, un seul monde », surnommé rapport MacBride16 avait tenté de poser les bases d’un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC). Il dénonçait les pratiques quasi exclusives de cinq agences de presse internationale diffusant 80 % de l’info en négligeant de facto les évènements concernant les Etats et les peuples du ‘Tiers Monde’. Mais les Occidentaux ont crié au scandale et se sont ligués pour faire barrage à cette remise en question du vieux monde et de ses relais ; les Etats-Unis se sont retirés de l’Unesco. Le rapport a été enterré.
Depuis, les Etats-Unis ont pris les devants : dans un rapport émanant de l’institut d’Etudes Stratégiques du U.S. Army War College visant à évaluer (pour le compte du Pentagone) les risques que court l’Amérique dans un monde post-suprématie’17, il est fait mention du recours nécessaire à la ‘manipulation stratégique de la perception’. Avec ou sans cyber, les bataillons de l’info-propagande sont mobilisés. La contre-offensive se prépare-t-elle ? Pour l’instant, l’historien et économiste libanais Georges Corm préconise la mise sur pied d’un observatoire pour capter la façon dont les conflits sont suscités et attisés dans les grands médias euro-américains (les mêmes que ceux pointés du doigt par le rapport MacBride), décrypter la façon dont ils prennent parti dans un conflit, en idéalisant l’une des parties et en diabolisant l’autre.

5 - La maison brûle et…les pompiers sont complices

Si l’Occident est tellement amnésique, les laissés-pour-compte du désordre international le sont beaucoup moins18. Leur vigilance a été aiguisée par des ‘manipulations stratégiques de la perception’ (...) de sinistre mémoire. Tout le monde se souvient de l’invasion de l’Irak il y a 20 ans, la mise en scène de militaires haut gradés brandissant le spectre d’armes de destruction massive (ADM)…qui n’existaient pas, pour reprendre la formule de Hans Blix de l’AIEA. D’autre entorses à la vérité ont fait le buzz. Comme la promesse faite à Gorbatchev par les dirigeants de l’OTAN de ne pas élargir les frontières de l’OTAN à l’Est du Rideau de Fer. Ou encore le pilonnage de la Libye de Kadhafi par la France de Sarkozy en soutien à l’Operation Unified Protector de l’OTAN en 2011 : une intervention justifiée par un massacre à Benghazi…qui n’a pas eu lieu. Sans parler de l’Afghanistan pris pour cible afin de « venger » l’attaque du 11 septembre, comme si le peuple afghan avait la moindre responsabilité dans la destruction des Twin Towers.
Dans un registre plutôt tragi-comique, le PDG du missilier de MDBA (4,2 milliards de chiffre d’affaires) laisse entendre que « produire de l’armement en France garantit l’autonomie d’action de nos armées »19. Macron promet davantage : l’autonomie stratégique de l’Europe. En bon donneur de leçons, le locataire de l’Elysée diagnostique la « mort cérébrale » de l’Alliance (dans The Economist’ en novembre 2019). Mais puisque la France fait partie intégrante de l’OTAN depuis novembre 2007, le ‘coming out’ de l’arroseur arrosé fait « pschitt ». Monsieur Macron, la maison brûle, attention à l’enfumage ! Il aurait mieux valu rappeler que les Européens détiennent 25 % des capacités militaires mondiales, ce qui n’est pas négligeable pour une coalition hétéroclite représentant 5 % de la population mondiale.
Bref, dans ce monde qui « n’est plus comme avant » (Bertrand Badie20), le Global South ne croit plus en nos promesses et c’est pourquoi le multilatéralisme est moribond. Le Global South a suffisamment d’arguments pour rejeter les principes universalistes auxquels nous nous référons si volontiers.

6 - La maison brûle…peut nous éclairer

En reconnaissant que nos sociétés sont abîmées, fracturées, nos élites doivent descendre de leur piédestal ; tenter d’atteindre quelques uns des Objectifs du Développement Durable (ODD) d’ici 2030. En arrêtant de se différencier par l’arrogance, d’insinuer que certains peuples ‘ne sont pas encore entrés dans l’Histoire’. En s’appropriant une nouvelle boussole pour initier demain un dialogue et des échanges sur un pied d’égalité, avec ou sans le recours à des commissions Vérité et Réconciliation. L’exigence de vérité nous rattrape. Elle rattrapera Poutine qui n’a pas le monopole du maniement du faux, mais s’est illustré en qualifiant son invasion d’’opération spéciale’, une opération si spéciale qu’elle mobilise des mercenaires de chez Wagner pour débarrasser le territoire ukrainien du ‘nazisme’.
Il serait également opportun de ne plus être dans le déni par rapport au déficit démocratique qui sévit dans nos rangs. Opposer les régimes démocratiques occidentaux aux régimes autoritaires comme la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping ne permet pas d’évaluer à sa juste valeur le besoin d’insérer le multilatéralisme dans une doctrine de sécurité humaine, celle-là même que l’U.E.. avait présentée en 2004..., avant de lui réserver le sort qu’a connu le rapport MacBride.
Enfin, puisque la doctrine de sécurité humaine a été marginalisée, il est bon de rappeler que l’idée même de sécurité dans le monde d’aujourd’hui et de demain ne tient pas tellement à l’équilibre des forces, n’en déplaisent aux fans de Brzesinski. Elle tient plutôt à notre capacité à gérer intelligemment l’ensemble des défis (au Nord comme au Sud) sur les plans énergétique, alimentaire et climatique. La science des relations internationales ne peut se permettre de sous-estimer les enjeux sociaux, écologiques, sanitaires, et humains globaux. Le multilatéralisme, le vrai, est à ce prix.
A tous ceux et celles qui voudront s’emparer d’une nouvelle boussole, des conseils en guise d’avertissement s’imposent. Qu’ils/elles préconisent des récompenses à destination des Etats et de leurs peuples oeuvrant pour l’intérêt général, comme cela aurait dû être fait à l’égard de la Libye de Kadhafi qui avait renoncé à son programme nucléaire (militaire). A la Mongolie qui s’est déclarée zone dénucléarisée, (par un vote à l’Assemblée Nationale). Au Bhoutan qui a conservé intact son puit de carbone, grâce à sa Constitution qui oblige le pays à consacrer 60% de la superficie du territoire aux forêts. A l’Equateur dont le gouvernement était disposé, moyennant compensations financières, à surseoir à tout extractivisme (le parc Yasuni). Ou encore au Népal ou à la Bolivie qui ont inscrit le principe de souveraineté alimentaire dans leur Constitution. Au Cambodge qui a inséré l’interdiction d’accueillir sur son sol la présence de bases militaires étrangères.
Dans ce monde qui « n’est plus comme avant », va falloir prôner de sacrées reconversions ou assumer toutes les conséquences de l’adieu au multilatéralisme.

Ben Cramer, Paris, février 2023

1 Cf. (A/RES/73/127)
2 https://www.un.org/fr/observances/multilateralism-for-peace-day
3 Cf. Rapport d’Amnesty International, octobre 2016
4 Cf. article 26
5 L’un des auteurs du rapport Brundtland
6 Cf. L’Economie de l’Apocalypse, commandité par le secrétaire général de l’ONU
7 officiellement Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles, entrée en vigueur en octobre 1978. Parmi les non-signataires, la France.
8 Cf. leçon inaugurale de Laurence Boisson de Chazournes,Collège de France, janvier 2023
9 Peter Naray (1999)
10 autoproclamée en 1983 et reconnue uniquement par le régime d’Ankara.
11 Cf. Francis Wurz, député européen (de 1979 à 2009) dans ‘Humanité Dimanche’, mai 2022
12 L’Espace économique européen regroupe les 28 États membres de l’UE et les trois États de l’EEE-AELE (Norvège, Islande et Liechtenstein)
13 Cf. cf. Le Marché Commun contre l’Europe, Seuil, 1973.
14 Michel Rocard a été l’initiateur des négociations qui ont conduit au protocole de Madrid protégeant l’Antarctique
15 Expression de Kishore Mahbubani,
16 du nom de son coordinateur, Sean MacBride, premier président d’Amnesty International, Prix Nobel de la Paix en 1974, Prix Lénine de la Paix en 1977
17 Intitulé à nos risques et périls ; juin 2017. voir https://athena21.org/securite-ecologique/destructions-durables/apocalypse-now-non-mais-a-prevoir
18 Cf. Samuel Huntington : ‘L’Occident a vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures mais plutôt par sa supériorité à utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l’oublient souvent, mais les non-Occidentaux jamais.’
19 Cf. L’Express du 2 juin 2022, reportage de Sébastien Pommier.
20 Cf. Le monde ne sera plus comme avant, éditions Les Liens qui Libèrent ;

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