Contestations et rébellions en Birmanie
Dossier mis à jour le 5/05/2021
Le 1er février 2021, l’armée birmane (le Tatmadaw en birman), emmenée par le général Min Aung Hlaing, a pris le pouvoir par la force, renversant ainsi le gouvernement d’Aung San Suu Kyi élu en novembre 2020.
En réaction au coup d’État, le peuple birman s’est très massivement mobilisé et une grande partie de la population est descendue dans la rue pour exprimer son opposition à la junte. Les ouvriers ont entamés des grèves d’une ampleur inédite, les fonctionnaires ont eux aussi cessé le travail entrainant ainsi une véritable paralysie du pays.
Le régime a répondu par une répression sanglante qui a fait à ce jour, plusieurs centaines de morts.
Alors que la communauté internationale semble impuissante face à la situation en Birmanie, les opposants au régime, quant à eux, entendent continuer la lutte pour la démocratie. Persécutés depuis des décennies, les minorités du pays ont pris le parti de l’opposition et mener le combat par tous les moyens. Les partisans du mouvement de désobéissance nationale, face à la répression militaire semblent eux aussi vouloir opter pour cette alternative.
Birmanie : de quoi parle-t-on ?
Cartes de la Birmanie – Géographie, groupes ethniques et démographie, géopolitique
Birmanie : une chronologie du X ème à 2018-
Rétrospective historique de la situation en Birmanie de l’Empire des Mon, aux invasions mongoles, en passant par l’invasion britannique puis l’indépendance jusqu’aux guérillas, aux discriminations des minorités et aux innombrables coups d’État qu’a connu le pays.
A New Myanmar ? – “The creation of a Federal Democracy remains a distant possibility”
Si la situation préoccupante au Myanmar ne présage rien de bon pour l’avenir du pays, il est important de garder à l’esprit que la construction de l’unité nationale n’a jamais pu aboutir quelque soit le régime politique et la nature de ses dirigeants, qui n’ont fait qu’entretenir la domination de la majorité au détriment des minorités qui luttent depuis des décennies pour leur reconnaissance et leur indépendance.
Malgré la très violente répression, le peuple birman continue de résister
Myanmar. La violence de la junte se heurte aux refus d’une population
Malgré l’intensification de la répression au Myanmar, la junte doit faire face à une opposition féroce et aux réductions drastiques de ses financements notamment en raison des sanctions internationales et du retrait du pays des multinationales étrangères, sous la pression des militants des droits de l’Homme.
S’ajoute à cela, l’émergence du Mouvement de Désobéissance Civile qui lutte pour retrouver la démocratie.
Un pays au bord du gouffre et une communauté internationale qui tarde à réagir
La Birmanie se rapproche de l’effondrement
La Birmanie est au bord de la faillite et le coup d’État n’est pas parvenu à asseoir fermement son autorité sur le pays. Les services publics sont à l’arrêt, la population en lutte et une grande crise économique, sociale, humanitaire et sanitaire se profile.
Dans son discours au Conseil de Sécurité de l’ONU, Richard Horsey suggère d’avertir les militaires birmans du risque d’effondrement de l’État résultant de la violente répression du régime et rappelle la pertinence d’une décision allant dans le sens d’un embargo sur les armes.
Le système bancaire birman à l’arrêt
Myanmar’s Informal Financial Service Providers Take Advantage of Post-Coup Banking Crisis
Le système bancaire birman est à l’arrêt complet depuis des semaines et s’approvisionner en argent liquide est devenu très difficile. L’un des seuls moyens efficaces est d’avoir recours à des fournisseurs de services financiers qui profitent de la situation pour faire payer des frais additionnels exorbitants.
Les Nations Unies exhortent la communauté internationale à agir
Comme en Syrie en 2011, l’État répond aux manifestations pacifiques par un usage disproportionné de la force. La violente répression a déjà causé plusieurs centaines de morts, a engendré d’importants déplacements de population et plusieurs milliers de personnes ont été arrêtés.
Le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet appelle aux pays voisins à exercer une pression militaire sur le régime birman et à faciliter l’accès à l’aide humanitaire.
L’apathie des puissances régionales d’Asie du Sud-Est.
ASEAN’s Exclusion of National Unity Government (NUG) in Summit Disappoints Myanmar
L’ASEAN s’apprête à tenir un sommet sur la situation en Birmanie auquel prendra part le leader de la junte mais aucun représentant de l’opposition. Les militants anti-régime dénoncent cette légitimation des putschistes et n’attendent pas grand chose de l’organisation régionale d’Asie du Sud-Est notamment en raison des pays alliés de la junte qui la composent.
L’opposition crée un gouvernement parallèle
Coalition : Who’s Who in Myanmar’s National Unity Government (NUG)
Pour faire pression sur le régime putschiste, l’opposition a créé un gouvernement parallèle composé majoritairement de membres du gouvernement élu en novembre dernier et renversé par le coup d’État le 1er février.
Les multinationales pointées du doigt pour leur rôle dans le financement du régime
L’entreprise française Voltalia annonce son retrait du Myanmar, après un an de mobilisation de plusieurs ONG qui dénonçaient ses liens avec des entreprises accusées de soutenir financièrement la junte militaire.
1992-2021 : French oil giant still bankrolling Myanmar junta
Malgré les nombreuses pressions internationales, l’entreprise Total continue de produire du gas en Birmanie et l’exporter via des entreprises contrôlées par le régime, engendrant pour ce dernier d’importants revenus.
Les ONG Justice for Myanmar et Human Rights Now appelle l’entreprise japonaise TASAKI à cesser toute activité commerciale avec Myanmar Pearl Enterprise, compagnie contrôlée par la junte et condamnée par les États-Unis pour son financement du régime.
La tension monte à nouveau entre l’armée et les minorités
Les groupes armés ethniques s’opposent à la junte
Fighting Continues Between KIA, Tatmadaw in Northern Myanmar
L’armée birmane a renforcé sa présence dans les territoires peuplés par les minorités et les combats armés ont repris dans l’État du Kachin, où les indépendantistes refusent de reconnaitre l’autorité des militaires putschistes.
Myanmar Military Suffers Heavy Casualties in Fierce Fighting With Ethnic Armed
Groups
En réponse à la répression des manifestants pacifiques par le régime militaire, les groupes armés combattant des minorités ont multiplié leurs offensives contre l’armée, causant à cette dernière des pertes significatives.
60 ans de répression des Rohingyas
Depuis le coup d’État de 1962 qui a placé au pouvoir la première junte militaire du pays, les Rohingyas, présents majoritairement dans l’État de Rakhine ont été la cible d’une féroce répression qui a perduré même sous la gouvernance plus libérale de la Ligue Nationale pour la Démocratie d’Aung San Suu Kyi.
Face à la répression, la résistance s’organise
Face aux très grands risques encourus, les manifestants pacifiques développent de nouvelles stratégies
Myanmar : ‘We will never kneel down’ : Protesters change tactics in face of rising death toll
La sanglante répression en cours au Myanmar n’a pas entamé la détermination des manifestants qui rivalisent d’inventivité pour mettre en place de nouvelles actions protestataires moins risquées.
Le mouvement ouvrier très impliqué dans l’opposition à la junte
In the Face of Massacres, Workers in Myanmar Are Still Fighting the Coup
Depuis le coup d’État du 1 février dernier, le mouvement ouvrier a été très actif dans la lutte contre le régime et malgré la proclamation de la loi martiale dans les villes industrielles et la répression dans le sang de plusieurs grèves, les travailleurs entendent bien continuer le combat.
La communauté ouvrière est en première ligne de la contestation en Birmanie et ce malgré les difficultés financières engendrées par la fermeture de nombreuses entreprises et l’exode massif de leurs camarades vers les zones rurales.
Face à la répression militaire, la population se tourne vers la lutte armée
In Myanmar, as slaughter of civilians continues, some decide it’s time to take up arms
De nombreux manifestants pacifiques, impuissants face à la répression armée du régime qui tue chaque jour des dizaines de personnes, ont décidé quitter les villes et de prendre les armes pour opposer une résistance plus efficace.
Myanmar – The ‘Tumi Revolution’ : Protesters fight back in Sagaing Region
Dans la région de Sagaing, haut-lieu de la contestation en Birmanie, les manifestants contre-attaquent, prennent les armes, combattent les forces de sécurité du régime et entendent bien développer une véritable guérilla pour court-circuiter la répression.