Génocide et colonialisme : l’État canadien remis en question - commentaires Génocide et colonialisme : l'État canadien remis en question 2021-08-06T22:43:14Z https://intercoll.net/Genocide-et-colonialisme-l-Etat-canadien-remis-en-question#comment89 2021-08-06T22:43:14Z <p>Dans le dispositif colonial mis en place par le Canada, c'est la Loi sur les Indiens (Indian Act) de 1876 qui joue un rôle central en définissant le statut d' « indien » et les différentes dispositions qui confinent les autochtones à des citoyens de seconde zone et justifient les pensionnats et les crimes qui y ont été commis. Les racines de cette loi remontent plus de trente ans plus tôt en 1844 dans les propositions du Rapport proposé par Bagot alors gouverneur général britannique du Haut Canada. Elles recommandaient « de centraliser le contrôle des affaires indiennes, d'envoyer les enfants dans des pensionnats loin de l'influence de leur communauté et culture , d'encourager les Indiens à endosser le concept européen de libre entreprise et que la propriété de la terre soit individuelle [non communautaire] et enregistrée dans un registre qui permette que les Indiens puissent la vendre entre eux mais pas à des non Indiens ». 1</p> <p>Votée 8 ans après l'Acte constitutionnel de 1867qui fonde l'état canadien, la Loi des Indiens est toujours valable aujourd'hui, 155 ans plus tard, malgré plusieurs amendements à partir des années 1950 , la reconnaissance tardive des crimes commis avec excuses formelles (2008) et la mise en place la même année d'une « Commission de Vérité et Réconciliation » qui n'ont encore rien changé de substantiel au projet initial. La re-« découverte » des crimes de type génocidaire commis va certainement accélérer des changements mais on peut encore douter de leur profondeur.</p> <p>Justin Trudeau vient de trouver une porte de sortie en nommant début juillet l'Inuk Mary Simon au poste de Gouverneure Générale. Militante Inuit connue pour ses talents de négociatrice tant à l'interne qu'à l'international Mary Simon a exercé des postes d'ambassadrice dont celui auprès du Cercle circumpolaire. On peut donc s'attendre à ce que la première gouverneure générale autochtone pèsera sûrement beaucoup plus que ces prédécesseurs hommes et femmes à ce poste qui est toujours resté plus symbolique qu'autre chose. Mais le chemin est long et la destination déjà pré-établie.</p> <p>Après 7 ans d'auditions et témoignages et plus de 3000 pages de rapport déposé en 2015, la Commission de Vérité et Réconciliation reconnaît un « génocide culturel »s et se dit tournée vers l'avenir en proposant 94 appels à l'action dont le point central est celui de l' « l'auto-gouvernement »<br class="autobr"> qui avait été déjà proposé dès 1995 accompagné d'un « Guide politique fédéral sur l'autogouvernement autochtone » qui précisait que « le droit inhérent à l' l'autogouvernement n'inclut pas un droit à la souveraineté au sens du droit international et ne peut résulter en des états-nations souverains et indépendantes ». On négociera donc et seul le Canada est et sera souverain. À bon entendeur.</p> <p>1« 21 things you may not know about the Indian Act » .Bob Joseph, Indigenous relations press, 2018</p> Génocide et colonialisme : l'État canadien remis en question 2021-07-22T23:55:48Z https://intercoll.net/Genocide-et-colonialisme-l-Etat-canadien-remis-en-question#comment87 2021-07-22T23:55:48Z <p>Dans le dispositif colonial mis en place par le Canada, c'est la Loi sur les Indiens (Indian Act) de 1876 qui joue un rôle central en définissant le statut d' « indien » et les différentes dispositions qui confinent les autochtones à des citoyens de seconde zone et justifient les pensionnats et les crimes qui y ont été commis. Les racines de cette loi remontent plus de trente ans plus tôt en 1844 dans les propositions du Rapport proposé par Bagot alors gouverneur général britannique du Haut Canada. Elles recommandaient « de centraliser le contrôle des affaires indiennes, d'envoyer les enfants dans des pensionnats loin de l'influence de leur communauté et culture , d'encourager les Indiens à endosser le concept européen de libre entreprise et que la propriété de la terre soit individuelle [non communautaire] et enregistrée dans un registre qui permette que les Indiens puissent la vendre entre eux mais pas à des non Indiens ». 1</p> <p>Votée 8 ans après l'Acte constitutionnel de 1867qui fonde l'état canadien, la Loi des Indiens est toujours valable aujourd'hui, 155 ans plus tard, malgré plusieurs amendements à partir des années 1950 , la reconnaissance tardive des crimes commis avec excuses formelles (2008) et la mise en place la même année d'une « Commission de Vérité et Réconciliation » qui n'ont encore rien changé de substantiel au projet initial. La re-« découverte » des crimes de type génocidaire commis va certainement accélérer des changements mais on peut encore douter de leur profondeur.</p> <p>Justin Trudeau vient de trouver une porte de sortie en nommant début juillet l'Inuk Mary Simon au poste de Gouverneure Générale. Militante Inuit connue pour ses talents de négociatrice tant à l'interne qu'à l'international Mary Simon a exercé des postes d'ambassadrice dont celui auprès du Cercle circumpolaire. On peut donc s'attendre à ce que la première gouverneure générale autochtone pèsera sûrement beaucoup plus que ces prédécesseurs hommes et femmes à ce poste qui est toujours resté plus symbolique qu'autre chose. Mais le chemin est long et la destination déjà pré-établie.</p> <p>Après 7 ans d'auditions et témoignages et plus de 3000 pages de rapport déposé en 2015, la Commission de Vérité et Réconciliation reconnaît un « génocide culturel »s et se dit tournée vers l'avenir en proposant 94 appels à l'action dont le point central est celui de l' « l'auto-gouvernement »<br class="autobr"> qui avait été déjà proposé dès 1995 accompagné d'un « Guide politique fédéral sur l'autogouvernement autochtone » qui précisait que « le droit inhérent à l' l'autogouvernement n'inclut pas un droit à la souveraineté au sens du droit international et ne peut résulter en des états-nations souverains et indépendantes ». On négociera donc et seul le Canada est et sera souverain. À bon entendeur.</p> <p>1« 21 things you may not know about the Indian Act » .Bob Joseph, Indigenous relations press, 2018</p>