Aux États-Unis, en Asie du Sud, au Royaume-Uni, en Russie, à Taïwan, au Sénégal, au sein de l’Union européenne… 2024 est « la plus grosse année électorale de l’histoire », titre The Guardian en couverture de son hebdomadaire du 5 janvier [1].
Ce 13 janvier se tiennent les élections à Taïwan. Ce scrutin présidentiel et législatif sur l’île de 23 millions d’habitants « aura des conséquences considérables et donnera le ton des relations entre les États-Unis et la Chine », analyse le correspondant en Chine [2] du Guardian. Trois candidats sont en lice pour la présidentielle taiwanaise : Lai Ching-te, le favori et vice-président sortant, issu du Parti démocratique progressiste (DPP), Hou Yu-it, candidat du conservateur Kuomintang (KMT) en faveur d’un rapprochement avec la Chine et Ko Wen-je, du Parti populaire taïwanais (TPP).
« Le DPP estime que le maintien du statu quo pacifique de Taïwan passe par l’établissement de relations plus solides sur la scène internationale, en particulier avec les États-Unis », contextualise le média britannique. Le troisième, Ko Wen-je, est le « disrupteur » de la course présidentielle et se présente comme une « voie du milieu » sur la question de la Chine. « Pékin observe attentivement le vote et devrait accroître la pression sur l’île dans les jours à venir », prédisait le journal le 8 janvier.
La veille, le 7 janvier, le Bangladesh réélisait sa Première ministre Sheikh Hasina pour un cinquième mandat, à l’issue d’un vote boycotté par l’opposition. Elle est « la Première ministre avec la plus grande longévité au monde », rappelle le journal italien Il Manifesto [3]. Les mois précédents l’élection ont été marqués par « une très forte répression contre les opposants et la société civile », note le média de gauche. « Les premiers à féliciter Hasina étaient les représentants des gouvernements chinois, indien et russe », ajoute Il Manifesto.
Pour ces deux derniers pays, l’Inde et la Russie, 2024 est également une année d’élections, dont les issues font peu de doutes - malgré deux contextes démocratiques bien différents. En mars, les Russes devraient sans surprise voir Vladimir Poutine reprendre la tête du pays. « Le Kremlin a bien l’intention d’établir de nouveaux records en matière de participation électorale et de nombre de votes en faveur de Vladimir Poutine », écrivait en octobre le journaliste Andrey Pertsev [4] dans les colonnes du journal russe en exil Meduza. Un moyen d’appuyer sa domination dans un pays qui s’enlise dans sa guerre contre l’Ukraine.
Sans oublier, évidemment, les élections européennes en juin, qui pourraient traduire au parlement européen la montée de l’extrême droite
En mai, ce seront les quelque 900 millions d’électeurs et d’électrices d’Inde qui se rendront aux urnes, sans vraiment de suspens : le nationaliste Narendra Modi demeure largement favori pour un troisième mandat. Ce qui représente une menace renouvelée pour les minorités religieuses et ethniques du pays, comme le soulignait Amnesty International au moment de la visite du chef de l’État en France [5]. Les habitants du Pakistan voisin sont quand à eux appelés aux urnes en février pour les législatives.
Autre puissance mondiale, les États-Unis se préparent pour une année électorale aux airs de déjà-vu, puisqu’elle signe le retour du républicain Donald Trump (77 ans) au centre du jeu politique. Il devrait faire face au président démocrate Joe Biden (81 ans). Les médias indépendants, à l’image de Mother Jones [6], portent déjà un œil attentif sur le scrutin prévu en fin d’année.
Et il y a les échéances plus proches de chez nous : on votera en Finlande à la fin du mois de janvier (l’un des six pays européens où l’extrême droite participe au gouvernement), au Portugal (gouverné par le Parti socialiste) en mars et au Royaume-Uni au second semestre de 2024.
Sans oublier, évidemment, les élections européennes en juin, qui pourraient traduire au parlement européen la montée de l’extrême droite observée dans les scrutins nationaux de presque tous les pays membres.