La Palestine est au cœur de la situation géopolitique mondiale. La décolonisation est la caractéristique principale de la période. La première phase de la décolonisation, celle de l’indépendance des Etats est à peu près achevée, on en voit les limites. La Palestine reste un cas dramatique de décolonisation inachevée. La deuxième phase qui commence est celle de la libération des nations et des peuples. Le peuple palestinien par ses résistances et son inventivité est emblématique des nouvelles questions posées par les luttes des peuples.
Ce dossier a été préparé par l’Agence Média Palestine et intercoll.
L’Agence Média Palestine est au service du mouvement de solidarité avec la Palestine. Créee en 2011, elle diffuse des informations alternatives sur la situation en Palestine/Israël. Son site internet est : http://www.agencemediapalestine.fr
Les dossiers d’intercoll présentent la situation d’une région ou d’une thématique du point de vue du mouvement altermondialiste. Un dossier est formé d’une dizaine d’articles publiés par des sites ou des revues des mouvements sociaux et citoyens. Il cherche à éclairer les débats sur les stratégies des mouvements et sur leur manière de prendre en compte les évolutions de la période dans la reformulation de ces stratégies. Il permet de faire le point de la situation et sont mis à jour régulièrement.
Les textes rassemblés dans ce dossier, regroupant des articles anciens et d’autres plus récents permettent de mieux comprendre les enjeux et pourquoi en est-on arrivé à cette situation aujourd’hui en Israël/Palestine. Ils analysent autour les systèmes de domination imposés au peuple palestinien. Ils abordent les situations de colonisation, d’occupation et d’apartheid vécus par le peuple palestinien ainsi que les multiples formes de résistances et de luttes pour l’émancipation. Le premier article d’Inès Abdel Razek propose une analyse des trente années du PPMO, le plan de paix pour le Moyen Orient.
Trente ans après : Les impostures du processus de paix au Moyen-Orient Inès Abdel Razek, le 31 octobre 2021
Il y a trente ans, des représentants du gouvernement israélien et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se sont réunis à Madrid pour engager des négociations bilatérales. Censé aboutir à un avenir juste et pacifique dans le territoire entre la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain, le prétendu processus de paix au Moyen-Orient (PPMO), conçu lors de cette réunion, a consolidé une dure réalité pour les Palestiniens : l’occupation permanente par une puissance militaire nucléaire engagée dans une entreprise coloniale de peuplement en expansion perpétuelle.
Oslo : le jour d’après Edward Said
Cet essai hautement critique et d’une lucidité très actuelle, a été écrit par Edward Saïd à l’automne 1993, dans la foulée des accords dits d’Oslo, et publié dans la London Review of Books datée d’octobre de la même année.
À présent que l’euphorie s’est un peu évaporée, nous pouvons réexaminer l’accord Israël-OLP avec tout le bon sens nécessaire. Il ressort de cet examen que l’accord est plus imparfait, et pour la plupart des Palestiniens, plus déséquilibré que ce que beaucoup supposaient au départ. Les vulgarités du défilé de mode de la cérémonie à la Maison-Blanche, le spectacle dégradant de Yasser Arafat remerciant tout le monde pour la privation de la plupart des droits de son peuple, et la stupide apparition de Bill Clinton en empereur romain du XXème siècle pilotant ses deux rois vassaux à travers les rituels de la réconciliation et de l’obéissance : tout cela n’a obnubilé que temporairement les proportions vraiment incroyables de la capitulation palestinienne.
La Palestine au-delà de la partition et de l’État-Nation Leila Farsakh, le 4 mai 2022
Dans son nouvel ouvrage, Rethinking Statehood in Palestine : Self-Determination and Decolonization Beyond Partition, (Repenser la question étatique en Palestine : autodétermination et décolonisation au-delà de la partition), Leïla Farsakh, politologue de Al-Shabaka et professeure associée d’économie politique à l’Université du Massachusetts à Boston, réunit une diversité d’intellectuels qui s’engagent dans la réflexion sur la signification de l’État palestinien. En dépassant la partition, qui est fondamentalement sous-jacente à la solution à deux États, Farsakh et les contributeurs montrent que les composantes de l’État de Palestine dont la citoyenneté, la souveraineté et le statut de nation, doivent être replacés dans le contexte de la colonisation.
« L’apartheid est sous vos yeux partout où vous allez » Francesca Albanese, le 6 février 2023
Peu de temps avant d’accepter d’assumer le rôle de rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, Francesca Albanese a reçu un conseil d’un ami israélien : allez en Israël-Palestine maintenant, car bientôt vous ne serez plus autorisée à y entrer. Albanese, qui connaissait bien le pays après avoir vécu à Jérusalem et travaillé pendant trois ans pour l’organisation d’aide aux réfugiés palestiniens UNRWA, a suivi son conseil et s’y est rendue. C’était en effet son dernier voyage, du moins pour l’instant ; depuis sa nomination en avril 2022, Israël lui interdit l’entrée.
Francesca Albanese évoque les récentes attaques dont elle a fait l’objet, définit l’occupation israélienne comme un colonialisme de peuplement et utilise le droit international pour la démanteler.
Les Palestiniens et leur leadership : restaurer l’OLP Marwa Fatafta, Al Shabaka, 8 décembre 2020
Alors que la pandémie de COVID-19 continue de causer de grandes souffrances personnelles, la perte de vies humaines et un choas financier dans le monde entier et qu’Israël reste sur le point d’une annexion de jure de parties de la Cisjordanie, le peuple palestinien doit transformer la crise en opportunité. Plutôt que d’attendre qu’Israël étrangle lentement l’Autorité palestinienne (AP), établie comme organe de gouvernement intérim pendant les Accords d’Oslo, il est plus que temps de séparer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de l’Autorité palestinienne et de travailler à restaurer le mandat, la représentativité et la responsabilisation de l’OLP devant le peuple qu’elle prétend représenter.
Il est temps d’en finir avec l’Autorité de Ramallah Mariam Barghouti, Al-Jazeera, 4 février 2020
Après l’annonce de “l’accord du siècle” par l’administration Trump le 28 janvier, l’Autorité palestinienne (AP) a réagi de plusieurs manières. Dans les heures qui ont suivi la cérémonie à la Maison Blanche, au cours de laquelle le président américain Donald Trump a dévoilé les détails de son plan, le président de l’AP, Mahmoud Abbas a dit “mille non à l’accord du siècle”.
L’AP a ensuite lancé un certain nombre de menaces, notamment et une fois de plus de rompre les liens avec les agences répressives israéliennes, et en appelant à des manifestations de masse contre l’accord proposé.
Mais malgré sa rhétorique ronflante et son coup de chaud, la direction palestinienne n’a pas réussi à provoquer une réaction populaire notable face à la violation scandaleuse des droits des Palestiniens que la proposition de Trump représente. Elle n’a même pas réussi à mobiliser ses propres concitoyens. Pourquoi ?
Un besoin urgent de revitaliser la gauche Haidar Eid, Modoweiss, 18 janvier 2021
Il est inquiétant de voir comment le Palestinien colonisé et opprimé, utilisant un jargon de gauche, a légitimé une solution raciste dissimulée sous des slogans de libération. Cela a conduit à la disparition de mécanismes correcteurs de la politique palestinienne et, finalement, à l’assaut de la politique de droite sur les droits fondamentaux des Palestiniens manifestée dans les accords d’Oslo et la transformation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en deux méga prisons, comme le courageux activiste et historien israélien Ilan Pappe les décrit dans son livre, La plus grande prison du monde.
Il n’y a pas de « cycle de violence » à Jérusalem – seulement l’oppression mortelle d’Israël sur mon peuple Jalal Abukhater, le 7 février 2023
Presque chaque jour, les bulldozers sont en mouvement. Dans les quartiers palestiniens de Jérusalem, ma ville, les forces israéliennes démolissent des maisons presque quotidiennement. La dépossession et la discrimination sont une réalité de longue date ici dans la partie orientale de la ville, sous occupation militaire israélienne depuis 56 ans. Cependant, sous le nouveau gouvernement israélien d’extrême droite, Jérusalem a connu un pic de démolitions : plus de 30 structures ont été détruites au cours du seul mois de janvier.
Regarder l’Ukraine avec des yeux palestiniens Yousef Munayyer, le 4 mars 2022
Des tanks roulant dans les rues d’une ville. Des bombes tombant des avions de combat sur des immeubles résidentiels. Des checkpoints militaires. Des cités sous siège. Des familles séparées, fuyant à la recherche d’un refuge et ne sachant pas si elles se reverront ou reverront encore leurs foyers. Quand une occupation militaire commence à se dérouler sous vos yeux, le monde entier est contraint d’y prêter attention. Mais alors que nous regardons tous la même chose, certains d’entre nous le voient un peu différemment.
Le juste déferlement de soutien pour l’Ukraine nous enseigne que l’Occident peut condamner l’occupation quand il le veut.
Palestine : retour aux fondamentaux Emmanuel Dror, mars 2023
La cause palestinienne a toujours été unanimement défendue par la gauche du monde entier. Malgré 75 ans de luttes, de guerres et de négociations, la situation empire de jour en jour en Palestine, et la solidarité internationale semble aujourd’hui bloquée dans ses actions et ses réflexions, sans parvenir à s’unir autour d’une stratégie efficace.